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Quand réfléchir nous aide à justifier nos intuitions

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    Le21duLaPsyDÉ
  • 21 oct.
  • 14 min de lecture

Par Nicolas Beauvais


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Nous prenons chaque jour des dizaines de décisions, parfois sans même nous en rendre compte. Va-t-on prendre l’ascenseur ou l’escalier ? Traverser la rue maintenant ou attendre ? Choisir un plat que l’on connaît déjà au restaurant ou essayer le plat du jour ? La plupart de nos choix se font de manière rapide, quasi instantanée. Cependant, il nous arrive aussi de réfléchir un temps avant de prendre une décision. Cette alternance entre pensée rapide et pensée lente est au cœur des théories dites des “processus duaux de raisonnement” (Kahneman, 2011). Depuis plusieurs décennies, les chercheurs en psychologie cognitive distinguent deux grands types de mécanismes de pensée. D’un côté, un ensemble de processus rapides, automatiques et spontanés, regroupés sous le terme d’intuition (ou parfois “Système 1”) ; de l’autre, un ensemble de processus plus lents, analytiques et contrôlés, que l’on appelle réflexion ou délibération (ou encore “Système 2”). 


Tandis que l’intuition est rapide et ne demande pas d’effort, la délibération est plus lente et demande du temps et des ressources cognitives - c’est-à-dire un effort mental plus important. Nos intuitions sont donc indispensables pour simplifier notre vie quotidienne : il serait impossible de raisonner longuement pour chaque petite décision. Nous n’avons pas besoin de délibérer pour savoir s’il faut traverser la rue ou savoir combien font 2 + 2. La plupart du temps, nos intuitions sont donc très pratiques car elles nous permettent de raisonner efficacement et rapidement sans devoir engager un effort cognitif trop important. Cependant, elles utilisent souvent des raccourcis mentaux, appelés “heuristiques”, qui peuvent parfois être en décalage avec la situation ou ne pas suivre les règles de la logique, et donc nous induire en erreur. On dit alors qu’elles sont “biaisées”.  



Un exemple célèbre où notre intuition peut nous jouer des tours: le problème de la batte et de la balle


Prenons un exemple qui a fait le tour des manuels de psychologie : l’énigme de la batte et de la balle (Frederick, 2005). « Une batte et une balle coûtent 1,10 € au total. La batte coûte 1 € de plus que la balle. Combien coûte la balle ? » La réponse donnée par la grande majorité des personnes est immédiate : 10 centimes. Pourtant cette réponse est fausse. En effet, si la balle coûte 10 centimes, la batte vaudra 1,10 € (1 € de plus) et le total coûtera donc 1,20 €. Or le problème indique que le total est de 1,10 € ! Si l'on prend le temps de décortiquer le problème, on se rend compte que la bonne réponse est en réalité 5 centimes. Si la balle coûte 5 centimes, la batte vaut alors 1,05 € et le total est bien d’1,10 €. 


Si vous êtes tombés dans le piège, rassurez-vous, vous n’êtes pas seul. Ce genre de problème est conçu pour susciter une réponse impulsive erronée, et parmi les milliers de participants y ayant été confrontés, la grande majorité se trompe (y compris des étudiants issus des meilleures universités). 


Traditionnellement, on considère que quand on est confronté à ce type de problème, la première réponse qui vient en tête («10 centimes» dans l’exemple précédent) résulte d’une intuition erronée. Pour parvenir à la bonne réponse (« 5 centimes »), il faudrait alors prendre le temps de réfléchir, c’est-à-dire mobiliser un raisonnement plus lent et délibératif, afin de corriger cette erreur initiale. En effet, un certain nombre d’erreurs de raisonnement viennent du fait que nos intuitions s’appuient sur des raccourcis mentaux, utiles dans la plupart des situations mais parfois trompeurs. Elles peuvent ainsi nous mener à des simplifications erronées et nous éloigner des principes logiques ou mathématiques corrects. La délibération servirait donc à corriger ces intuitions pour nous permettre de donner des réponses conformes aux règles logiques appropriées. 


Mais réfléchir sert-il vraiment toujours à corriger ?


Si on a longtemps pensé que le rôle principal de la délibération était de rectifier les erreurs intuitives, des travaux récents ont montré qu’en réalité, nos intuitions peuvent aussi souvent être justes (Bago & De Neys, 2019 ; Voudouri, 2024). Dans ces études, les participants devaient résoudre des problèmes de raisonnement en deux temps : d’abord très rapidement, en quelques secondes, pour capter leur première réaction intuitive ; puis de nouveau, sans contrainte de temps, afin de laisser place à la réflexion. Les résultats ont montré que parmi ceux qui donnaient la bonne réponse après réflexion, une large proportion avait déjà trouvée la bonne réponse dès la phase intuitive. Autrement dit, ils étaient capables d’avoir de bonnes intuitions, et donc de trouver la bonne réponse sans recourir à la délibération. Pourtant, même si leur intuition était correcte, ces individus prenaient tout de même un temps de réflexion dans la condition qui leur permettait. Mais s’ils avaient déjà la bonne réponse, pourquoi mobiliser ce système lent et coûteux ?


C’est la question que se sont posés plusieurs membres du laboratoire. Dans une série d’études récemment publiées dans un article du journal Thinking & Reasoning, Nicolas Beauvais, Aikaterini Voudouri, Esther Boissin et Wim De Neys ont montré que la délibération ne sert pas qu’à corriger nos mauvaises intuitions, mais aussi bien souvent à justifier les bonnes


Pour tester cette idée, les auteurs ont demandé à des participants de répondre à trois tâches classiques en psychologie du raisonnement, conçues pour créer un conflit entre une réponse séduisante mais incorrecte et une réponse moins évidente mais logiquement correcte. La première tâche consistait à résoudre des problèmes similaires à celui de la batte et de la balle, présenté plus haut. La deuxième comportait des problèmes de “négligence des taux de base” opposant une réponse erronée basée sur un stéréotype à une réponse logique basée sur des informations statistiques. Enfin, la troisième tâche portait sur des paris économiques, où le risque de perdre une somme minime amène souvent à refuser des options pourtant rationnellement avantageuses (menant à des gains plus importants).


Dans l’étude, les participants devaient répondre à ces problèmes d’abord en très peu de temps, afin de capter leur intuition immédiate, puis une seconde fois en ayant tout le temps nécessaire pour réfléchir. À chaque réponse, les participants devaient également expliquer leur choix (sans contrainte de temps dans les deux cas). Ce dispositif permettait de comparer non seulement la justesse des réponses, mais aussi la qualité des explications données. Ainsi, les chercheurs ne se limitaient pas à mesurer ce que les gens répondaient, mais aussi comment ils justifiaient leur réponse.


Des intuitions justes mais silencieuses


Les résultats ont montré que la réflexion tend généralement à améliorer la justesse des réponses, puisque dans ces trois tâches plus de bonnes réponses étaient données à l’étape permettant la délibération qu’à l’étape intuitive. Mais au-delà de l’exactitude, c’est la capacité à justifier qui faisait toute la différence. Lorsque les participants donnaient la bonne réponse intuitivement, leurs explications étaient souvent vagues ou incomplètes. Comme si l’intuition, juste mais “muette”, restait difficile à verbaliser. En revanche, quand ils avaient pu délibérer pour répondre au problème, les participants parvenaient à formuler des explications claires et convaincantes. La délibération ne changeait pas forcément la réponse, mais elle permettait de mieux l’argumenter. Autrement dit, la délibération servait à rendre transparentes des intuitions déjà correctes, à les transformer en un raisonnement explicite,  communicable et défendable.


Ces résultats suggèrent que la délibération remplit plusieurs rôles. Elle peut corriger les erreurs, mais elle sert aussi à justifier nos intuitions, en les accompagnant d’explications claires.

En ce sens, le raisonnement délibératif ne se limite pas à être un mécanisme de correction : il est aussi un outil de transparence cognitive, c’est-à-dire de mise en lumière des raisons qui sous-tendent nos choix (Bonnefon, 2013).


Il est important de noter que la délibération ne garantit pas toujours la justesse. Certains participants persistaient dans leurs erreurs, même après réflexion, et produisaient des explications erronées mais plausibles, ce qu’on appelle des rationalisations. La réflexion peut donc parfois servir à habiller d’arguments une intuition incorrecte. Mais elle permet aussi de formuler des raisons expliquant, ou justifiant, nos intuitions correctes. Cette fonction justificative rejoint l’idée avancée par Hugo Mercier et Dan Sperber dans The Enigma of Reason (2017) : la fonction première du raisonnement humain n’est peut être pas de trouver la vérité ou nous amener à prendre la meilleure décision, mais aussi - et peut être surtout - de fournir des raisons que l’on peut communiquer pour justifier nos actions. Réfléchir, c’est aussi préparer un discours qui pourra convaincre autrui.



Pourquoi cela compte au quotidien ?


Ces résultats novateurs  ne concernent pas que les laboratoires de psychologie, ils ont des implications concrètes. Ils rappellent d’abord que comprendre, ce n’est pas seulement avoir raison, mais être capable d’expliquer pourquoi on a raison. Cette capacité à justifier ses choix est essentielle, que ce soit à l’école, au travail ou dans nos relations sociales. Dans le domaine éducatif, par exemple, un élève peut donner la bonne réponse à un problème de mathématiques sans réellement en comprendre le raisonnement. C’est seulement lorsqu’il peut expliquer sa démarche qu’on sait qu’il a véritablement compris.


Apprendre à réfléchir, c’est donc aussi apprendre à expliciter sa pensée, à la rendre visible et intelligible.

Dans la vie quotidienne, la justification joue un rôle tout aussi central. Qu’il s’agisse de défendre un choix professionnel, d’expliquer une décision à un proche ou de débattre d’une opinion, savoir formuler les raisons de ce que l’on pense est ce qui permet d’éviter les malentendus et de renforcer la confiance. Nos intuitions peuvent nous guider, mais elles ne suffisent pas toujours à convaincre. Enfin, à une échelle plus collective, les résultats de ces recherches invitent à réfléchir à la place du raisonnement dans le débat public. Dans un monde saturé d’informations et d’opinions rapides, la capacité à justifier ses idées - et à écouter celles des autres - devient un enjeu fondamental pour un dialogue démocratique apaisé et constructif. Comme le suggèrent ces recherches, raisonner, ce n’est pas seulement décider, c’est aussi convaincre. Et à ce titre, réfléchir n’implique pas seulement de décider pour soi : c’est aussi mieux participer à une conversation commune sur ce qui nous semble juste, vrai ou souhaitable. 


En définitive, ces travaux nous invitent à changer notre regard sur la réflexion. Penser lentement ne consiste pas seulement à corriger nos intuitions rapides. C’est aussi apprendre à les rendre intelligibles et partageables. La réflexion ne transforme pas seulement nos réponses, elle transforme notre capacité à nous expliquer. Réfléchir, c’est donc non seulement mieux comprendre, mais aussi mieux se comprendre et mieux se faire comprendre.



Pour aller plus loin :


  • Beauvais, N., Voudouri, A., Boissin, E., & De Neys, W. (2025). System 2 and cognitive transparency: deliberation helps to justify sound intuitions during reasoning. Thinking & Reasoning.

  • Kahneman, D. (2011). Thinking, Fast and Slow. Farrar, Straus and Giroux.

  • Mercier, H., & Sperber, D. (2017). The Enigma of Reason. Harvard University Press.

  • Bago, B., & De Neys, W. (2019). The smart System 1: Evidence for the intuitive nature of correct responding. Journal of Experimental Psychology: General, 148(10), 1782–1799.

  • Bonnefon, J.-F. (2013). New ambitions for a new paradigm: Putting the psychology of reasoning at the service of humanity. Thinking & Reasoning, 19(3-4), 381–398.

  • Evans, J. S. B. (2019). Reflections on reflection: the nature and function of type 2 processes in dual-process theories of reasoning. Thinking & Reasoning, 25(4), 383-415.

  • Voudouri, A., Białek, M., & De Neys, W. (2024). Fast & slow decisions under risk: Intuition rather than deliberation drives advantageous choices. Cognition, 250, 105837.






Auteur :


Doctorant au LaPsyDE



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English version



When Reflection Helps us Justify our Intuitions


By Nicolas Beauvais


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Every day, we make dozens of decisions, often without even realizing it. Should we take the elevator or the stairs? Cross the street now or wait? Choose a familiar dish at the restaurant or try the daily special? Most of our choices happen quickly, almost automatically. Yet, there are also moments when we pause to think before deciding. This alternation between fast and slow thinking lies at the heart of the so-called dual-process theories of reasoning (Kahneman, 2011). For several decades, cognitive psychologists working within this framework have characterized human thinking as an interplay between two types of processes: intuitive and deliberate processes. Intuitive processes are fast, automatic, and spontaneous processes, generally grouped under the term intuition (also sometimes called “System 1”). Deliberate processes, by contrast, are slower, more analytical and controlled processes, often referred to as reflection or deliberation (or “System 2”). 


While intuition is quick and effortless, deliberation is slower and requires time and cognitive resources - that is, a greater mental effort. Our intuitions are therefore indispensable for simplifying everyday life: it would be impossible to deliberate over every small decision. We don’t need to reason deeply to decide whether to cross the street, or to calculate 2 + 2. Most of the time, our intuitions are extremely useful because they allow us to reason efficiently and rapidly without overloading our minds. However, intuitions often rely on mental shortcuts, called “heuristics”, which sometimes fail to match the situation or conflict with logical principles, leading us into error. In such cases, we say they are biased.



A famous example where intuition can lead us astray: the bat and ball problem


Take a classic example from psychology: the bat-and-ball problem (Frederick, 2005). “A bat and a ball cost €1.10 in total. The bat costs €1 more than the ball. How much does the ball cost?”. Most people’s immediate answer is 10 cents. Yet this answer is wrong. If the ball costs 10 cents, then the bat would cost €1.10 (one euro more), and the total would be €1.20, not €1.10. If we take the time to unpack the problem, we realize the correct answer is 5 cents: the bat would then cost €1.05, and together they total €1.10.


If you fell for the trap, don’t worry, you’re not alone. This type of problem is designed to elicit an immediate, intuitive answer that feels right but is actually wrong, and the vast majority of people, including students from top universities, make the same mistake. 


Traditionally, psychologists have argued that when we are confronted with this kind of problem, the first answer that comes to mind (“10 cents”) stems from a faulty intuition. To reach the correct answer (“5 cents”), one would need to engage in deliberative reasoning -a slower, more effortful thought process- in order to correct this initial error. Indeed, many reasoning errors occur because intuitions rely on mental shortcuts that are generally useful but can be misleading. Deliberation would thus serve to correct these intuitions and produce answers that conform to logical or mathematical rules.



But do we always reflect to correct our intuitions?


For a long time, it was thought that the main purpose of deliberation was simply to correct intuitive mistakes. However, recent research has shown that our intuitions can often be surprisingly accurate (Bago & De Neys, 2019; Voudouri, 2024). In these studies, participants solved reasoning problems twice: first, very quickly -in just a few seconds- to capture their intuitive response; then they solved the exact same problems but without any time limit, to allow deliberate reasoning. The results showed that among those who eventually gave the correct answer after deliberation, a large proportion had already found the correct answer at the intuitive stage. In other words, people were capable of sound intuitions: they reached the correct answer without requiring deliberate thought. Yet even when their intuition was right, they still engaged in deliberation when given the opportunity. But if they already had the correct answer, why engage this slower, more effortful system?


That is precisely the question raised by several members of the LaPsyDE laboratory. In a series of studies recently published in the journal Thinking & Reasoning, Nicolas Beauvais, Aikaterini Voudouri, Esther Boissin, and Wim De Neys demonstrated that deliberation does not only serve to correct our mistaken intuitions, it often helps justify our accurate ones.


To test this idea, the authors asked participants to complete three classic reasoning tasks designed to create a conflict between an appealing but incorrect answer and a less obvious yet logically correct one. The first task involved problems similar to the bat-and-ball example described above. The second dealt with base-rate neglect, where a stereotypical description competes with statistical information. For instance, if someone is described as “talkative,” participants tend to classify them as a student rather than a librarian - even when told the sample includes 995 librarians and only 5 students. The third task concerned economic gambles, where the risk of losing a small amount of money often leads people to reject options that are, in fact, rationally advantageous and yield greater gains in the long run.


In the study, participants first answered these problems under strong time pressure, to capture their immediate intuition, and then a second time with unlimited time, allowing for deliberation. After each response, they were also asked to explain their choice (without any time limit). This design allowed the researchers to compare not only the accuracy of the answers, but also the quality of the explanations. In other words, they weren’t just measuring what people answered, but how they justified their reasoning.



Sound but silent intuitions


The results showed that deliberation generally improved accuracy: across all three tasks, participants gave more correct answers when they had time to deliberate. Yet beyond correctness, a major difference also lay in their ability to justify their answers. In all three tasks, when participants answered correctly based on intuition, their explanations were generally vague or incomplete. However, for their correct deliberate responses, they could formulate clearer, more convincing explanations. Deliberation didn’t necessarily change the answer, it simply made the reasoning behind it explicit and communicable. These findings suggest that deliberation serves multiple roles: while it can sometimes help to correct erroneous intuitions, it also helps justify our (sound) intuitions by attaching explicit reasons to them.


In this sense, deliberative reasoning is not merely a correction mechanism, it is also a tool for cognitive transparency  (Bonnefon, 2013), shedding light on the reasons behind our choices.

Importantly, deliberation does not always guarantee accuracy. Some participants persisted in their errors even after deliberation, offering plausible but incorrect explanations - what psychologists call rationalizations. Deliberation can therefore sometimes serve to dress up a wrong intuition in logical-sounding arguments. But it can also help articulate and defend accurate intuitions in a clear, reasoned way. This justificatory function echoes the idea proposed by Hugo Mercier and Dan Sperber in The Enigma of Reason (2017): the primary function of human reasoning may not be to help us uncover absolute truth or always choose the best decision, but rather to generate reasons that enable us to justify our actions, both to ourselves and to others. In this sense, deliberate reasoning also serves to shape a discourse capable of convincing others.



Why it matters in everyday life


These innovative findings extend beyond psychology labs -they have real-world implications. They remind us that understanding is not just about being right, but about being able to explain why we are right. This ability to justify one’s choices is essential, whether at school, at work, or in social interactions. In education, for instance, a student might give the correct answer to a math problem without truly understanding the reasoning behind it. Only when they can explain their process do we know that genuine understanding has occurred.


Learning to think therefore also means learning to make one's reasoning explicit, to express one's thoughts clearly and intelligibly.

In daily life, justification plays an equally central role. Whether it’s defending a professional decision, explaining a choice to a friend, or discussing an opinion, being able to articulate the reasons behind what we think helps avoid misunderstandings and build trust. Our intuitions can guide us, but they don’t always suffice to convince others. Finally, on a broader scale, these studies invite us to reconsider the role of reasoning in public discourse. In a world saturated with information, instant reactions, and polarized opinions, the ability to justify one’s ideas—and to listen to those of others— becomes a cornerstone of constructive, democratic dialogue. As these findings suggest, reasoning is not only about deciding, but also about convincing. In this sense, deliberation is not just a personal act of decision-making, but a way of taking part in a collective conversation about what we consider fair, true, or desirable.


In the end, this work invites us to rethink the purpose of deliberate reasoning. Thinking slowly is not merely about correcting fast, faulty intuitions. It’s about making our thoughts clearer, more transparent, and shareable. Deliberation doesn’t just change our decisions, it transforms our ability to explain them. To deliberate, then, is not only to understand better, but also to understand ourselves better and make ourselves better understood.





Bibliographical references :


  • Beauvais, N., Voudouri, A., Boissin, E., & De Neys, W. (2025). System 2 and cognitive transparency: deliberation helps to justify sound intuitions during reasoning. Thinking & Reasoning.

  • Kahneman, D. (2011). Thinking, Fast and Slow. Farrar, Straus and Giroux.

  • Mercier, H., & Sperber, D. (2017). The Enigma of Reason. Harvard University Press.

  • Bago, B., & De Neys, W. (2019). The smart System 1: Evidence for the intuitive nature of correct responding. Journal of Experimental Psychology: General, 148(10), 1782–1799.

  • Bonnefon, J.-F. (2013). New ambitions for a new paradigm: Putting the psychology of reasoning at the service of humanity. Thinking & Reasoning, 19(3-4), 381–398.

  • Evans, J. S. B. (2019). Reflections on reflection: the nature and function of type 2 processes in dual-process theories of reasoning. Thinking & Reasoning, 25(4), 383-415.

  • Voudouri, A., Białek, M., & De Neys, W. (2024). Fast & slow decisions under risk: Intuition rather than deliberation drives advantageous choices. Cognition, 250, 105837.





Author:

ree

PhD Student at LaPsyDE



 
 
 

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